L'Art Du Riad Marocain

Marrakech compte des milliers de riads qui offrent aux voyageurs une retraite intime et paisible de la médina animée de la ville. Par définition, un riad est une maison traditionnelle qui contient un jardin intérieur symétrique et des pièces tournées vers l'intérieur de sorte que leurs portes et fenêtres donnent sur la cour plutôt que sur les rues. L'arrangement visait à offrir une intimité à la famille et aux amis pour passer du temps ensemble et à garder la maison au frais pendant les étés chauds.

Au fil du temps, le terme riad est devenu plus vaguement utilisé pour décrire les maisons d'hôtes et les hôtels de charme à Marrakech. Et parce que beaucoup de ces propriétés ont été achetées et restaurées par des étrangers, elles mettent en valeur le design et les influences architecturales du Maroc et du reste du monde. Le résultat est une fusion fabuleuse qui est un régal pour les yeux.

Selon sa définition la plus stricte, un «Riad» est un jardin ou une cour clos (également orthographié «Riyâd» dans certains quartiers). Cependant, par l'usage populaire, le terme en est venu à désigner les maisons marocaines traditionnelles, construites autour d'une telle enceinte et plus précisément ces maisons qui ont été rénovées et restaurées et ouvertes au public comme des maisons d'hôtes intimes.

Ce type de construction, avec des salles publiques et privées organisées autour d'une cour centrale ouverte, est une distinction clé de l'architecture islamique et reste remarquablement cohérente dans tout le monde arabe, des habitations privées aux lieux de culte en passant par les plus grands palais. Le plan du Riad tourné vers l'intérieur est conçu pour maximiser l'intimité de la famille vis-à-vis du monde extérieur. Une telle intimité est très prisée, conforme aux normes culturelles islamiques. En tant que telles, les chambres ont généralement des fenêtres et des balcons donnant sur la cour plutôt que sur l'extérieur. Cela permet de garder l'accent sur la cour comme centre de toutes les activités de la maison.

La maison marocaine de la Médina n'aura pas de façade et ne se distingue que par une porte modeste. Les murs extérieurs de la structure et les murs extérieurs des autres maisons sont parallèles les uns aux autres pour former les ruelles et les passages à travers la médina. C'est la base des contrastes et des contradictions les plus frappants, celui de la rue publique sombre et souvent négligée et de l'habitation intérieure très ornée, très décorée et bien entretenue. La porte extérieure de la maison s'ouvrira sur un setwan, un modeste coin salon où les invités peuvent être reçus sans déranger la maison intérieure. De là, un couloir mènera à la maison et à la cour ouverte. Ce couloir sera très probablement incliné pour protéger de la vue la vie intérieure de la maison. L'éclairage du setwan sera très tamisé, pour une expérience transportante de passage intérieur de l'obscurité à l'illumination brillante de la cour à ciel ouvert.

La cour est invariablement de forme carrée ou rectangulaire, disposée autour du sahrîdj, fontaine ou bassin. L'importance du sahrîdj dans le Riad ne peut être sous-estimée. L'eau est un puissant symbole de la vie dans les terres désertiques et, en tant que telle, est considérée comme sacrée. Il représente la force vitale de la maison. Ainsi, la cour est le centre de la maison et la fontaine ou le bassin est le centre de la cour.

Un jardin intérieur est également très prisé et les cours sont susceptibles d'abriter des agrumes, des palmiers et du jasmin indigènes. Leurs parfums s'ajoutent à la quiétude des eaux ruisselantes, pour une oasis de paix parfaitement équilibrée et harmonieuse.

Des pièces allongées, appelées bâyts, bordent le périmètre de la cour et sont généralement consacrées aux salons publics et aux salles à manger. Chacun a un passage voûté ouvert central, qui donne sur la cour et la fontaine. Des escaliers en colimaçon serrés, éclairés par un éclairage de lampes tachetées, sont nichés dans les coins du bâtiment, menant aux hammams ou jusqu'au niveau supérieur, où se trouvent des chambres privées. Ce niveau supérieur est bordé de galeries ouvertes à colonnades, servant de passages entre les pièces, et étant couverts, les passages et les pièces privées sont exceptionnellement frais compte tenu de la force du soleil sur les terres arabes.

Cela constitue la base des plans d'étage du Riad, bien que de nombreux Riads publics soient souvent une collection de nombreuses cours et aient trouvé de nouvelles façons de réinterpréter la forme. Au sein du Riad, les surfaces contiennent des degrés remarquables d'ornementation et d'art artisanal. Les larges surfaces en tadelakt de couleur lisse offrent un contrepoint aux carreaux géométriques complexes habituels, appelés zelige, et aux écrans moucharabieh en treillis de bois finement sculptés. Les corniches et les garnitures en stuc complexes, appelées gebs, joignent les murs et les plafonds, et les poutres de support présentent un autre artisanat marocain complexe, le zouaq, bois coloré peint à la main.

Comme la tradition islamique interdit la représentation de figures vivantes dans les arts décoratifs, les formes géométriques ou florales servent de base aux dessins aux multiples facettes. De plus petits ajouts ou des coins entiers du bâtiment, appelés douiriya, sont consacrés aux quartiers des domestiques et aux zones de lavage, et surtout à la cuisine. Les toits, épousant les contours du Riad, offrent un répit du confinement avec des horizons ouverts et des vues sur la Médina. Dans les maisons privées, cet espace plat pourrait être consacré au stockage ou à la suspension du linge, ou même à l'élevage du bétail. Invariablement dans les maisons d'hôtes reconverties, l'intégralité du toit est consacrée aux solariums, aux boissons et aux repas, et parfois aux piscines.

Les équipements tels que les hammams, les piscines et le confort moderne représentent une touche nécessairement moderne à la vie du Riad. Pendant le protectorat français du siècle dernier, le développement de la ville s'est concentré dans la nouvelle ville, ignorant la médina, ce qui a entraîné sa décadence ultérieure. Une profusion de propriétaires européens, passionnés par le mode de vie domestique marocain, a apporté de précieux investissements et des devises dans un pays relativement pauvre, qui a revitalisé la Médina. Il a également joué un rôle essentiel dans le maintien des traditions artisanales marocaines, qui se transmettent de père en fils. En effet, bien que les principes fondamentaux de la conception des riads aient été hautement canonisés dans l'architecture islamique, à travers les âges, la grande majorité des riads à la mode ont été développés par des européens. Par la suite, ces demeures remarquables ont exprimé ces principes de façon très originale et éclectique. Que votre Riad soit coutumier ou non conventionnel, votre séjour promet d'être une expérience marocaine exotique, romantique et totalement transcendante.

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